DOSSIER J.O. : 1- Les enjeux locaux
En quelques jours, une kyrielle d'organisations a dénoncé la situation des Droits de l'homme et des médias en Chine.
Mouvements tibétains, Reporters sans frontières, Amnesty international, Human Rights Watch ou le Comité de protection des journalistes ont choisi l'approche de la date du 8 août - jour de l'ouverture des Jeux en 2008 - pour rappeler à Pékin "ses engagements non tenus".
Tous s'apprêtent à douze mois de campagne, pour profiter de l'effet JO et des projecteurs braqués sur le géant asiatique.
"L'année à venir va s'avérer cruciale... Nous voulons saisir cette occasion sans précédent pour exercer autant de pression que possible", souligne un porte-parole de Campagne pour un Tibet Libre, Matt Whitticase.
Ce mouvement, qui promet "des manifestations dans le monde entier" d'ici aux JO, a commencé par Pékin mardi: des militants, ensuite interpellés, ont déployé une gigantesque banderole sur la Grande Muraille, près de Pékin.
Sur son blog, la Canadienne d'origine tibétaine, Lhadon Tethong, qui dirige Students for a Free Tibet, juge elle les conditions optimales pour "un soulèvement global pour la liberté du Tibet".
Les Jeux sont également devenus un argument pour des mouvements ou personnalités militant pour que la Chine use de son influence diplomatique. Par exemple au Darfour, où le gouvernement soudanais, en bons termes avec Pékin, est accusé de mener un génocide. L'actrice Mia Farrow a ainsi publié en mars une tribune intitulée "Les jeux Olympiques du génocide".
Ces groupes veulent profiter de la détermination affichée de Pékin à organiser "les" Jeux les plus parfaits et somptueux possible.
Mais les "couacs" menacent sur tous les fronts: politiques, diplomatiques ou sociaux.
En juin, un collectif de syndicats de 153 pays, Playfair 2008, a ainsi soulevé la question de l'exploitation ouvrière, notamment des enfants, dans les usines chinoises, avec un rapport dénonçant quatre entreprises fabriquant des articles sous licence olympique.
L'une d'elles, après enquête, vient de se voir retirer sa licence.
Les organisateurs des JO s'étaient empressés d'annoncer que "si les cas étaient prouvés", ils s'y attaqueraient "afin de préserver la réputation du mouvement olympique et des Jeux de Pékin".
Les groupes de pression ne sont néanmoins pas convaincus par les mesures ponctuelles du gouvernement chinois.
Pour Brad Adams, directeur Asie de HWR, "au lieu d'un +printemps de Pékin+ pré-olympique de plus grande liberté et tolérance, on assiste aujourd'hui au musellement des dissidents, à la répression des activistes et à des tentatives de blocage des reportages indépendants".
Un rapport de l'association dénonce le harcèlement des médias étrangers voulant couvrir des sujets sensibles, "en violation des engagements" pris par la Chine auprès du Comité international olympique.
"Le monde regardera pour voir si Pékin remplit ses engagements auprès du CIO", a souligné Brad Adams.
"Il n'est pas question de gâcher la fête. Mais Pékin n'a pas tenu ses promesses (...) et fait preuve de cynisme en évoquant l'esprit olympique", a pour sa part commenté Robert Ménard, secrétaire général de Reporters Sans Frontières, lundi, lors d'une manifestation non autorisée qui s'est soldée... par l'interpellation des journalistes présents.
De même, pour Amnesty International, "à moins de mesures urgentes (...), les autorités chinoises risquent de ternir l'image de la Chine - et des Jeux".
DOSSIER J.O. :
1- Les enjeux locaux
2- La rebellion occidentale commence
3- Libre expression
4- Pas de scandale merci
5- Le DalaÏ Lama contre le boycott
6- Début des manif